Haiku
Je suis en général plutôt hermétique à toute forme de poésie de nos contrées (à part éventuellement la poésie médiévale... mais c'est surtout parce qu'elle est médiévale). Je peux éventuellement supporter quelques poèmes classiques connus de tous mais je n'ai en tout cas jamais rencontré une oeuvre qui m'émeuve. Et je ne parle même pas de Mr-Tout-le-Monde qui compose des poèmes ! Bref, pour parler familièrement, c'est pas mon truc.
Sauf...
C'est évidemment un petit "sauf". Je ne vais pas vous déclamer mon amour des haiku uniquement parce que c'est japonais donc forcément foooooormidable.
Simplement il y a dans cette poésie quelque chose qui me parle et qui parfois me touche.
Petite présentation.
Le haiku (on prononce "haïkou"), est une forme de poésie qui remonte au Xè siècle, composée de trois vers économes de 5-7-5 syllabes (japonaises bien entendu). A la base, il s'agit de fixer un moment, un instant, un objet, un détail, une situation comique. C'est une poésie populaire que l'on compose pour se détendre. Puis avec le temps, et l'apparition de grands maîtres du haiku, se développe également une poésie de la tendresse pour ce qui existe, de l'émotion, de la nature et des saisons, grandement influencée par la philosophie zen.
Les plus grands Maîtres se nomment Bashô, Issa, Senryu...
Le haiku ne se lit pas, il se ressent. Un phrasé court qui laisse flotter dans l'air l'émotion, la fugacité d'un moment particulier.
Le corbeau d'habitude, je le hais
mais tout de même...ce matin
sur la neige
Bashô (1644-1694)
Nuit d'hiver
je songe à une autre nuit
dans dix mille ans
Masaoka Shiki (1867-1902)
L'enfant
s'efforce de cueillir
une goutte de rosée
Issa (1763-1828)
Un peu ivre
le pas léger
dans le vent du printemps
Ryôkan (1758-1831)